Les techniques de combat mises au point par les habitants de l’île d’Okinawa (Voir Karaté) leur permettaient de faire jeu égal avec les occupants de l’île. Par la maîtrise du corps et de l’esprit ils s’élevaient de leur condition et se mettaient au niveau des plus puissants. L’interdiction de porter des armes, qui les maintenait dans une situation d’infériorité, était ainsi compensée par le développement d’une capacité personnelle, par l’exploitation de ressources intérieures ou par le détournement d’objets de leur quotidien, tels le Nunchaku.
Ce mouvement d’élévation, qui prend appui sur ce dont on dispose comme ressource personnelle, un des coups de pied de la boxe pieds-poings le symbolise parfaitement. C’est le coup de pied figure. La partie la plus basse de l’individu (le pied) s’élève au niveau de la partie la plus élevée (la tête). Le pied est ce sur quoi repose l’individu. Ce fondement qui permet aussi bien l’équilibre que le mouvement n’est pourtant pas la partie la plus valorisée. Au sommet de l’édifice humain, la tête incarne ce qu’il y a de plus noble. En même temps, que pourrait faire cette partie noble si elle n’était associée à un partenaire plus obscur, le pied.
Dans le coup de pied figure, un pied sert d’appui et fournit l’équilibre de l’ensemble, tandis que l’autre sert d’arme et frappe le coup. La position du combattant est très périlleuse. Autrement dit, plus l’on veut s’élever, plus l’on doit s’appuyer sur une base solide.
Plus profondément encore, ce coup de pied symbolise à lui seul la recherche qui marque les arts martiaux : l’union du ciel et de la terre. Le pied - ce qui nous relie à la terre - entre en contact avec la tête - ce qui nous relie au ciel. Une manière de montrer que le haut et le bas, le physique et le spirituel, le corps et l’esprit, ne sont pas si éloignés les uns des autres.