Sport traditionnellement réservé aux hommes, la boxe en général s’ouvre de plus en plus aux femmes. La boxe pieds-poings (dans la ligne des arts martiaux), les attire particulièrement pour plusieurs raisons :
Les coups pouvant être portés sur l’ensemble du corps et non exclusivement sur le visage, les risques de coquards et autres accidents faciaux sont statistiquement moindres qu’en boxe anglaise.
Les techniques de coups de pieds et les exercices d’assouplissement ne sont pas sans rappeler les techniques de la danse.
Les coups de pied sont en eux-mêmes assez efficaces pour que la rapidité, la souplesse et la précision soient des qualités plus importantes que la force pure.
On ne s’étonnera donc pas de voir de plus en plus de femmes entrer dans les salles d’entraînement. Certaines compétitions opposent même un homme et une femme, mais on peut se demander si, dans une telle compétition, la victoire de l’un ou de l’autre ne prendrait pas (c’est une simple hypothèse) une signification autre que sportive...
L’entraînement et les compétitions sont identiques pour les femmes et les hommes, simplement les femmes portent un protège-poitrine.
La boxe pieds-poings, sport féminin ?
Parmi les activités humaines, il en existe qui sont plus typiquement masculines que d’autres, en ceci qu’elles nécessitent des qualités ou reposent sur des pulsions que l’homme cultive depuis la nuit des temps.
Mais, depuis la même nuit des temps, il s’est toujours trouvé des femmes qui mouraient d’envie d’aller voir ce que les hommes faisaient entre eux, de pénétrer dans leur univers, de s’aventurer dans leurs chasses gardées. C’est ainsi qu’on rencontre quelques femmes courageuses dans différents domaines éminemment masculins. Et l’éternelle question est de savoir si on peut rester féminine tout en jouant dans la cour des garçons.
La question est naïve car l’on sait bien que tout être humain, psychologiquement, tient de l’homme et de la femme. Simplement, des prédispositions morphologiques renforcées par l’éducation et la tradition culturelle, favorisent chez l’homme l’expression des qualités masculines et chez la femme l’expression des qualités féminines. Mais, naturellement, chacun est libre, pour une raison qui lui est propre, d’exprimer aussi les qualités opposées à son sexe civil (ou dominant). On voit ainsi des hommes « réveiller » leur féminité et des femmes « encourager » leur masculinité.
Selon certains, il semblerait même que l’expression, par chaque individu, de la totalité des qualités humaines - masculines et féminines - soit une évolution naturelle de l’humanité, le but ultime étant de parvenir à un être complet, dit « hermaphrodite ». Il est exact que les conditions assez précaires et assez rudes de nos ancêtres ont conduit à une forte spécialisation des sexes : aux hommes la force, aux femmes la reproduction. Mais nos sociétés modernes ont libéré l’homme de cette obligation de force, et la femme de ses contraintes de « pure pondeuse » ! L’homme et la femme sont donc « libérés » et peuvent exprimer les qualités jusque là « ensommeillées ».
La loi du genre - pour ce qui concerne notre sujet - oblige la femme-boxeuse à une exigence très grande. Car on ne lui pardonnera ce « viol de territoire » que si elle montre des qualités exceptionnelles. C’est le jeu, et aucune pratiquante ne s’étonne des sifflets qui l’accueillent lorsqu’elle monte sur le ring. Il semble que ces huées soient d’ailleurs une motivation supplémentaire.
Il est exact qu’à un haut niveau, les matchs féminins valent largement la plupart des matchs masculins. Mais il leur manquera toujours quelque chose. Car le but de la boxe n’est pas de déterminer qui est le plus fort mais qui est le plus viril. Dans les profondeurs de l’inconscient, le combat d’homme à homme doit régler le litige entre les prétendants à une même femme (Voir Coin).
On pourra donc toujours apprécier la qualité sportive d’un combat féminin, mais il ne touchera sans doute jamais aussi profondément qu’un combat masculin, car l’enjeu du combat féminin paraît mystérieux et semble concerner avant tout les deux protagonistes.
Cependant, pratiquée en sport-loisirs, la boxe pieds-poings peut apporter aux femmes des bénéfices voisins des arts martiaux. Des bénéfices... et pas mal d’inconvénients, car il faudra aux « boxeuses » essuyer des pluies de ricanements et tenter de résister à une pression masculine plus ou moins avouée pour les « dégoûter ». Et si, au fond, quelque chose doit surprendre dans la présence des femmes dans la boxe pieds-poings, c’est surtout la gêne qu’elle semble provoquer chez certains hommes...