Le palmarès d’un combattant n’est pas constitué de ses seuls titres, lesquels, au fond, s’ils rendent compte d’un niveau atteint au cours d’une année, ne fournissent aucune indication sur deux composantes essentielles de la dimension humaine du boxeur : la valeur absolue de sa combativité et de son agressivité.
Car le boxeur n’est sportif que dans le regard des autres ; pour lui et pour ses frères, il est un guerrier qui attache une importance extrême à ce que l’on pourrait appeler son « tableau de chasse », à savoir la totalisation de ses combats, de ses victoires, de ses défaites, de ses matchs nuls et de ses victoires par K.-O.
Un combattant qui a 15 combats, 15 victoires, dont 8 par K.-O. et 7 par abandon de l’adversaire nous dit autre chose qu’un combattant qui a 150 combats, 85 victoires dont 10 par K.-O...
Il arrive parfois que le pratiquant se sente « volé » par le résultat d’un combat. Il ne comprend pas pourquoi les juges l’ont déclaré perdant. Sans doute a-t-il raison, personne n’est infaillible et il est possible que les juges se soient laissés influencer par tel ou tel aspect du combat. Mais le plus souvent la décision est prise en tenant compte de certains aspects très techniques qui échappent au pratiquant lui-même et aussi au public.
Le problème est que « volé » ou pas, le pratiquant verra sa défaite inscrite à son palmarès, et les chiffres sont d’une froideur implacable.