En boxe pieds-poings, tout l’appareil musculaire du pratiquant - de la tête aux pieds - est mobilisé par la frappe des coups, par les procédures de défense et par les déplacements. On ne voit pas bien quel muscle ce sport ne fait pas travailler à part la langue (Voir Parler et Médias)...
Cela vient de ce que le boxeur pieds-poings est amené à imprimer à ses membres supérieurs et inférieurs et à leurs attaches (épaules et bassin) des mouvements dans toutes des directions que la nature a prévues. Ainsi, participent au combat non seulement les célébrités musculaires (biceps, abdominaux, quadriceps, etc.) mais aussi les anonymes, tapis dans les profondeurs de l’organisme, dont la plupart des gens ne soupçonnent pas le moins du monde l’existence. Eux-mêmes (ces muscles anonymes) se croyaient bien à l’abri, et on ne les réveille pas sans qu’ils manifestent leur contrariété par de petites douleurs bien vivaces parfois difficiles à localiser.
En boxe pieds-poings, les muscles jouent trois rôles essentiels : puissance, maîtrise des gestes et protection.
La puissance
L’efficacité des coups est en partie liée à la puissance déployée par les bras ou les jambes. Mais elle dépend aussi - et souvent en premier lieu - de la vitesse, de la précision et du punch. Si bien que le pratiquant s’intéresse peu à l’acquisition de volume musculaire. D’autant que celui-ci peut compromettre la souplesse et la liberté de mouvement s’il est trop poussé.
La très grande variété des mouvements et la complexité qu’elle entraîne dans la coordination de tous les groupes musculaires concernés (en même temps ou successivement) incitent plutôt le boxeur pieds-poings à pratiquer une musculation « dans le mouvement », dynamique. D’où le travail aux accessoires, d’où l’usage de poids (lests) pour frapper en alourdissant le membre, d’où les exercices avec une corde à sauter « lourde » qui musclent l’ensemble de la ceinture « scapulaire » (épaules), les avant-bras et les poignets.
En fait, la préoccupation principale du pratiquant est de ne pas avoir à mettre en mouvement de poids inutile. Ce qui le conduit à se maintenir au plus près de son poids de forme et à affûter son appareil musculaire plutôt qu’à en augmenter le volume.
La maîtrise des gestes
La pratiquant a aussi le souci qu’aucun de ses muscles ne présente de faiblesse qui risquerait de compromettre la précision - et, plus généralement, la maîtrise - des gestes techniques. Si l’élan permet de donner au mouvement d’un bras ou d’une jambe son ampleur et sa force, le pratiquant ne peut s’appuyer sur ce seul élan pour porter son coup, car il doit songer à l’après coup. Pour peu que l’adversaire esquive le coup, le bras ou la jambe poursuivent leur course « sur leur élan » dans le vide et le combattant risque de perdre l’équilibre et de se découvrir dangereusement. La musculation doit donc permettre de « contrarier » l’impulsion initiale donnée par l’élan afin de ramener le bras en garde et la jambe en appui arrière ou avant, comme elle se trouvait à l’origine, ou en position « armée ». Ainsi, non seulement le combattant sauvegarde sa sécurité mais surtout il s’autorise à enchaîner immédiatement un nouveau coup.
La musculation est par ailleurs indispensable à la précision du geste. Le corps doit obéir sans faille aux intentions de son propriétaire. Cette disponibilité totale des moyens physiques concerne à la fois le muscle et ce qui le fait marcher (respiration et transport de l’oxygène par le sang).
La maîtrise des gestes dépend pour une part essentielle de la stabilité du corps : stabilité générale du corps qui ne doit pas être « ébranlé » par les chocs et les pressions adverses ; stabilité mécanique des différents segments participant au mouvement. Ainsi, les abdominaux bloquent le bassin, les muscles fléchisseurs du genou bloquent la jambe en position « armée » ou simplement « levée », les muscles fléchisseurs du pied assurent la rigidité de l’arme proprement dite (Voir Articulations). Et tandis que ces muscles se préoccupent du mouvement en cours (pas question de leur parler d’autre chose à ce moment-là !), tous les autres (ceux du buste, des bras et de la jambe d’appui) se préoccupent de l’équilibre du corps tout entier.
Cette maîtrise des gestes s’obtient par leur répétition inlassable, celle-ci favorisant en retour la musculation et surtout la mobilisation coordonnée des petits soldats qui composent la grande armée musculaire. Et dans cette armée de muscles, le moindre tire-au-flanc peut faire perdre la bataille...
La protection
Sport de contact, la boxe pieds-poings nécessite le port de protections. En Muay Thaï, la philosophie est plutôt de confier au corps lui-même le soin d’assurer sa propre protection rapprochée. Les autres disciplines partagent également cette philosophie mais à des degrés divers.
La protection est à double sens : protection contre les coups de l’adversaire, protection contre les chocs en retour (frapper sans se blesser).
La stabilité et la maîtrise des gestes, comme on l’a vu plus haut, participent de cette protection d’ensemble en assurant la sécurité du pratiquant. La musculation du cou intervient dans la stabilité de la tête et donc favorise la résistance aux coups portés en ligne haute (Voir Danger et Knock-Out).
Les muscles de la nuque protège la tête. Les abdominaux protègent la partie inférieure du buste. Les avant-bras servent de bouclier pour le haut du buste. Les flancs et le visage lors des blocages. Les fessiers et les muscles de la cuisse protègent des coups aux hanches et aux jambes. Les trapèzes (muscles reliant les épaules au cou), les dorsaux et les pectoraux participent à la solidité de la position de garde, etc...
La protection assurée par les muscles est donc soit « passive » (protection des parties internes : os et organes) soit « active » : solidité des positions de défense et stabilité générale.