L’humour et la boxe font-ils bon ménage ? Ils le pourraient, en théorie, car, à bien des égards, l’humour apparaît comme un système d’attaque et de défense. Il permet de toucher autrui en se préservant d’un choc en retour, et il peut désarmer un adversaire redoutable. L’humour peut servir d’esquive, de retrait, changer le rythme d’une conversation, faire partie d’une stratégie de dissimulation ou de domination. Comme la boxe, il joue sur l’effet de surprise. Comme le boxeur, l’humoriste cherche l’ouverture, le moment de la conversation où il va pouvoir placer son coup, et l’interlocuteur, qui ne veut pas s’avouer battu, va lui aussi chercher à riposter, à rendre le coup, en faisant assaut d’humour...
Si la boxe est l’escrime des poings, l’humour est peut-être l’escrime de l’esprit. Mais il semble difficile de pratiquer l’une et l’autre en même temps. Si certains boxeurs ont beaucoup d’humour en dehors du ring, il faut bien reconnaître que cela transpire peu entre les cordes.
Pourtant, il y a des exceptions. Et il n’est pas rare qu’il se produise une situation insolite sur le ring, que l’un des pratiquants souligne d’un geste ou d’une attitude humoristique. Il n’est pas rare non plus que l’humour soit utilisé par un des deux adversaires pour intimider l’autre, pour l’humilier (humour ou pitreries). Mais si, dans la vie courante, il est inconcevable socialement de « manquer d’humour » (car, aujourd’hui, l’humour est considéré comme une valeur positive), il est possible que le pratiquant « victime » de l’humour de son adversaire sente monter la colère en lui et se charge de lui faire sentir qu’il n’est pas là pour plaisanter, quitte, après la correction infligée, à faire la démonstration de son propre sens de l’humour.