Le fonctionnement du boxeur repose sur une conjugaison de pulsions conscientes et inconscientes, physiques et mentales, individuelles et collectives.
Examinons le pratiquant au moment où il donne à son adversaire un coup de pied retourné figure, par exemple.
la motivation a fait qu’il est monté sur le ring, dans l’espoir d’obtenir quelque chose (une reconnaissance, une bourse, la libération des pulsions intérieures, etc...),
la combativité a fait qu’il y est resté, qu’il est allé au devant de son adversaire et qu’il entend bien aller jusqu’au bout de la rencontre,
l’agressivité fait que, depuis le début du combat, il met en jeu un certain nombre de comportements destinés à porter atteinte physiquement et moralement à son adversaire et à se protéger de ses attaques.
les automatismes qu’il a acquis à l’entraînement lui permettent d’exploiter efficacement sa pulsion agressive tout en la maintenant dans les limites des règlements de sa discipline.
la stratégie et la tactique lui permettent d’exploiter ces automatismes en fonction des circonstances et de l’adversaire.
la vigilance crée en lui une disposition d’esprit qui maintient en permanence sa sensibilité en alerte maximale.
la concentration lui permet de vider son esprit de toute préoccupation extérieure au combat.
les perceptions subliminaires lui permettent de recueillir un maximum d’informations sur son adversaire sans analyser consciemment tous ces éléments.
les synergie acquises au cours de la répétition des mêmes gestes techniques lui permettent de mettre son corps au service de ses intentions sans avoir à réfléchir aux mouvements qu’il doit effectuer.
les réflexes de base de son corps sont organisés par le cerveau en programmes pour former ces synergies.
l’instinct de conservation le pousse à tout moment à n’agir que dans les limites de ses possibilités et à se protéger en proportion des possibilités de son adversaire.
les affects, tels que la colère, la vexation, l’humiliation, le sens de l’honneur, décuplent sa combativité et favorisent un sursaut lorsque la situation tourne à son désavantage.
l’adrénaline lui permet de solliciter au maximum ses capacités physiques (système cardio-vasculaire et musculaire).
l’énergie vitale est un réservoir dans lequel il puise les ressources physiques et mentales nécessaires à tout moment pour faire face à une situation extrême et inhabituelle.
la conscience est rétrécie le temps du combat afin de permettre à des pulsions plus performantes de prendre le contrôle de la situation tout en respectant les intentions du boxeur « conscient ».
la transe amorcée dans les vestiaires avant le combat lui permet de se présenter face à l’adversaire dans un état second qui non seulement réduit sa conscience mais aussi désensibilise son corps.
C’est en s’appuyant sur ce fonctionnement très complexe que notre boxeur parvient à effectuer son coup de pied retourné et à toucher l’adversaire, un soir ou un après-midi de la vie quotidienne, à côté d’un homme en nœud papillon et devant plusieurs centaines d’observateurs médusés, un peu à l’écart du monde...