Le corps humain s’organise autour de ce qu’il considère comme une activité physique normale, compte tenu des habitudes de l’individu, de ses intérêts et des situations courantes de sa vie. Mais il est programmé pour faire face à une activité anormale, à fournir un effort particulier, en cas de besoin. On peut distinguer deux types d’effort :
l’effort intense, brutal et momentané. L’organisme est capable en urgence de mobiliser à tout moment des ressources considérables mises en réserve. Cette capacité constitue la clef de la survie de la quasi-totalité des êtres vivants. Mais cet effort ne modifie pas l’organisme.
l’effort intense progressif et régulier. Si l’effort n’est pas exceptionnel mais constitue une pratique habituelle de l’individu, comme dans le cas d’un sportif, l’organisme s’adapte pour élever son niveau de réponse. Mais, de nouveau, il se prépare, à partir de cette nouvelle position de base, à fournir un effort plus intense. Il « surcompense », comme on dit (Voir Entraînement). La surcompensation et le retour à la normale s’effectuent pendant la phase de récupération (repos, pause, sommeil).
Avant l’effort, deux processus sont mis en œuvre :
L’échauffement, qui met en branle un certain nombre de mécanismes destinés à permettre à l’organisme de faire face à un travail intense efficacement et sans danger (processus mécanique) ;
La concentration, qui permet à l’être tout en entier de s’organiser selon une configuration exceptionnelle, « anormale » (processus mental).
L’effort est toujours associé à une sensation de souffrance. Il nécessite une grande mobilisation physique et psychologique qui produit de la fatigue, des douleurs, des saturations mentales, des effets de routine et parfois même des blessures. En même temps, il est la seule source de progrès de l’être, qu’il soit sportif ou autre...
Il constitue un acte volontaire, que les individus accomplissent (selon leur tempérament) soit spontanément, soit sous la contrainte de leur entourage (ou des événements), soit à la suite d’encouragements.
Les effets de l’effort
Lorsque l’organisme fournit un effort il se produit un certain nombre de processus :
les besoins en oxygène sont accrus, le rythme respiratoire et cardiaque s’accélère,
les cellules consomment les réserves en glucides, lipides, protides et autres substances intervenant dans le fonctionnement du muscle,
la contraction musculaire provoque l’apparition d’acide lactique dans les cellules,
le travail musculaire produit des déchets (toxines) qui sont éliminés par la sueur, le foie ou les reins,
la chaleur de l’organisme augmentant, l’organisme produit de la sueur qui diminue la quantité d’eau dans le corps,
une substance, l’endorphine, est produite dans le cerveau pour réduire la pénibilité de l’effort (Voir Désensibilisation et Douleur).
D’autres effets se produisent à plus long terme : développement de la capacité pulmonaire et cardiaque, amélioration de la transmission des ordres dans le système nerveux, développement musculaire (Voir Récupération).
L’effort en boxe pieds-poings
L’effort lui-même, en boxe pieds-poings, se manifeste au cours de deux situations :
L’entraînement, qui est basé sur la progressivité de l’effort et la répétition de situations pré-définies afin d’orienter l’adaptation de l’organisme dans une direction précise.
Le combat, qui constitue l’effort exceptionnel proprement dit, auquel l’entraînement a préparé l’organisme en l’adaptant.
Si l’effort est source de progrès, l’organisme ne doit pas être sollicité au-delà d’une certaine limite où la courbe du progrès s’inverserait (dangers physiques du surentraînement mais aussi lassitude, sentiment de routine, accumulation de fatigue, nervosité, etc...). Comme on dit parfois : « Il faut que cela reste un plaisir », même en boxe - surtout en boxe où une grande part de l’efficacité de l’entraînement repose sur la répétition inlassable des mêmes gestes. Or, justement, rien n’est « inlassable ». D’une manière générale, le cerveau humain sature très vite.
D’où la nécessité de produire l’effort dans un contexte qui, à la fois, ménage des phases de récupération et des changements : rythmes, exercices, lieux (footing, entraînement dans un autre club, une autre discipline, un autre pays), etc... La perspective d’une compétition permet de remobiliser les énergies, de briser la routine. Tout le paradoxe de l’effort est là : l’entraînement réduit sa pénibilité par la répétition de situations données mais le mental a besoin, lui, de varier les situations...
Notons enfin que, pour faire face à l’effort, certains sportifs, encouragés par leur entourage, ont la tentation de recourir au dopage (Voir ce mot).