Désigne quatre boxes d’origine diverse associant des coups de pied à des coups de poing. Les plus pratiquées en France aujourd’hui sont (dans l’ordre de leur apparition en France) :
la Boxe française-Savate,
le Full-Contact (boxe d’origine américaine),
le Kick-Boxing (boxe d’origine japonaise),
le Muay Thaï (boxe d’origine thaïlandaise).
On les désigne en anglais sous l’appellation de "Kick-Boxing" (boxe avec les pieds), mais comme ce terme désigne aussi une des quatre disciplines, une certaine confusion peut parfois s’installer dans les esprits...
Principe
Ces boxes ont toutes en commun de privilégier la frappe de coups de pied associée à des techniques de la boxe anglaise pour les coups de poing. Les principes généraux de la compétition sont également repris de la boxe anglaise. Pour les coups de pied, il y a lieu de distinguer la boxe française, dont les coups de pied viennent de la Savate, et les trois autres - le Full-Contact, le le Kick-Boxing et le Muay Thaï - dont les coups de pieds sont hérités de techniques de combat asiatiques (notamment du karaté).
Le Muay Thaï est la seule à autoriser les coups de genou et les coups de coude, ainsi que les saisies et les projections.
Historique
Apparus dans les années 70 à la suite des films dits de "karaté" importés de Hong-Kong - les plus célèbres étant ceux de Bruce Lee - c’est dans les années 80 que le Full-Contact, le Kick-Boxing et le Muay Thaï ont vraiment pris leur envol, entraînant dans leur ascension la Boxe française-Savate qui s’était effacée depuis 1940 devant la boxe anglaise.
Si le Full-Contact a été introduit en France par Dominique Valéra, un grand champion de karaté, le Muay Thaï et le Kick-Boxing se sont répandus en même temps en Europe (d’où le fait qu’on les a longtemps pris l’un pour l’autre) via la Hollande, qui est considérée comme le berceau de la boxe pieds-poings européenne. Leur introduction en France doit beaucoup à un autre champion de karaté, Roger Paschy.
Ces disciplines nouvelles ont connu un très vif succès dans les années 80, surtout auprès des jeunes des milieux défavorisés, qui y ont vu un moyen d’expression physique intense et une perspective de promotion sociale. La pratique a eu tendance, peu à peu, à se séparer de celle des arts martiaux pour se rapprocher de celle de la boxe anglaise. Le désir de pratiquer un sport nouveau, inconnu du grand public, a contribué grandement à l’engouement pour les disciplines venues de l’étranger, au détriment de la boxe française, jugée par certains trop "rétro". Les jeunes des cités de banlieue ont préféré être des "pionniers" et ont considéré que ces disciplines étaient "leur sport à eux". De sorte que cette pratique a été très rapidement perçue comme une voie d’insertion permettant de canaliser la violence et d’apporter une structure mentale et physique.
Peu à peu, les boxes pieds-poings nouvelles se diffusent dans d’autres couches de la société. Elles se situent en effet à mi-chemin du face-à-face implacable de la boxe anglaise - sport considéré par ailleurs comme marquant trop le visage et présentant de grands risques pour le système nerveux central - et l’affrontement simulé des Arts martiaux. La boxe pieds-poings, du fait de la grande variété de ses techniques, mobilise l’ensemble du corps. Elle est grosse consommatrice d’énergie, et de calories... Comme tous les sports de combat, elle apporte une certaine confiance en soi.
À mesure que les milieux plus aisés ont commencé à pratiquer ces disciplines, notamment le Full-Contact, le Kick-Boxing et bien sûr la Boxe française-Savate, les jeunes des cités de banlieue se sont tournés vers le Muay Thaï, jugé plus dur. Cette dureté ne vient pas des techniques elles-mêmes, mais de leur variété (coups de genou ou de coude), ce qui exige une très grande vigilance. Elle vient aussi de l’absence de protection, hormis les gants. C’est le corps lui-même qui doit être endurci pour se protéger contre les coups.
Le Full-Contact, qui n’autorise pas les coups de pied aux jambes, est quelque peu délaissé aujourd’hui après avoir dominé la boxe pieds-poings dans les années 70. Le Kick-Boxing l’a devancé dans les années 80. Très proche de la Boxe française-Savate pour les armes et les cibles autorisées, il en est en quelque sorte la version professionnelle, privilégiant l’efficacité et le spectaculaire sur le style et l’esprit d’assaut. Le Muay Thaï a sans doute vocation à dominer les années à venir.
Malgré tout, la boxe thaïlandaise est très marquée par la culture asiatique (prière des pratiquants avant le match, fond musical, etc...). La pratiquer, c’est pénétrer dans un autre univers et les stages dans les camps d’entraînement de Bangkok sont une étape obligée dans le parcours du compétiteur. La Boxe française-savate est elle-même très marquée par l’esprit français. Sa pratique est aussi une sorte d’adhésion à une culture, ce qui en a détourné certains jeunes issus de l’immigration qui, pris dans les conflits culturels entre le pays d’adoption et le pays d’origine des parents ont préféré des disciplines plus neutres, "venant d’ailleurs". Le Full-Contact et le Kick-Boxing ont vocation à devenir des pratiques universelles.
Aujourd’hui
Les boxes pieds-poings sont aujourd’hui concurrencées par d’autres formes d’affrontements sur le ring :
en premier lieu les disciplines de free fight (mélange de boxe et de lutte), comme le MMA, très répandues aux États-Unis où elles ont supplanté le full-contact.
en second lieu le catch, qui fait un retour en force, notamment aux États-Unis.
Ces deux sports ont drainé vers eux des flux financiers autrefois présents dans le full-contact. De sorte que l’engouement pour les boxes pieds-poings a un peu diminué. Le circuit le plus lucratif dans ce sport sont aujourd’hui le Glory et le K-1, tournoi international imaginé par les Japonais pour organiser des rencontres de « poids lourds » de la boxe pieds-poings, selon des règles mêlant kick-boxing et coups de genou. L’engouement pour ce dernier circuit a été tel que le K-1 est devenu une discipline pieds-poings, une cinquième, très présente dans les galas en France et à l’étranger.
Considérés comme des sports à part entière dans d’autres pays, les boxes pieds-poings nouvelles sont encore en France trop marquées par leur vocation de mode d’insertion sociale.
Caractéristiques
Les quatre disciplines se différencient essentiellement par :
les armes utilisées (pieds-poings-coudes-genoux pour le Muay Thaï, pieds-poings pour les autres),
les cibles autorisées (au-dessus de la ceinture pour le Full-Contact, sur l’ensemble du corps pour les autres),
les tenues (intégral et chaussures pour la Boxe française-Savate, pantalon et protections aux pieds pour le Full-Contact et le Kick-Boxing, short et pieds nus pour le Muay Thaï et parfois le Kick-Boxing),
les règlements . Même si les quatre disciplines reprennent l’essentiel du règlement de la boxe anglaise, chacune introduit des variantes qui la tirent soit vers le sport guerrier (Muay Thaï) soit vers le sport éducatif (Boxe française-Savate). Ces règlements changent si souvent que, pour décrire les différentes techniques et les coups, nous nous en sommes tenus, dans ce dictionnaire, à des principes de base...
Les techniques de base (coups de pied et coups de poing) sont très sensiblement les mêmes, les qualités requises du pratiquant (vitesse, endurance, vigilance, résistance, combativité, réflexes, etc.) également. C’est plutôt par leur esprit qu’elles se différencient les unes des autres.
Pratique
Qu’est-ce qui peut conduire un jeune à s’orienter vers l’une ou l’autre de ces disciplines ? Le choix, dans ce sport comme dans les autres, dépend de l’environnement social et des modèles auxquels le jeune souhaite s’identifier. Un des critères de choix peut être le degré d’engagement recherché, par référence soit à une agressivité naturelle ou développée dans un contexte social particulier, soit par référence à une certaine idée de la virilité.
Mais le principal critère de choix (ou de non-choix, parfois...) est la présence à proximité d’une salle d’entraînement dans telle ou telle discipline, ou l’existence d’un champion local de renommée, ou encore la mise en place dans le milieu scolaire d’une structure de Boxe française-Savate. La morphologie semble peu intervenir dans le choix de la discipline.
Effectif
Le nombre de pratiquants de la boxe pieds-poings dans le monde est naturellement très difficile à déterminer. Mais sans risquer de trop se tromper, on peut avancer que ce nombre dépasse celui des pratiquants de boxe « anglaise ». Mais depuis les jeux olympiques de Rio en 2016 et la victoire de deux champions français (Estelle Mossely et Tony Yoka), le nombre de licenciés dans cette discipline a augmenté de 14,4% (+ 3.000) en seulement un an.
Pour sa part, la fédération française de boxe française-savate revendique 25.000 licienciés en France. On peut estimer que les effectifs globaux des trois autres disciplines pieds-poings (full-contact, kick-boxing et muay thaï) sont du même ordre de grandeur.
À cet ensemble de près de 50.000 pratiquants stables, il convient d’ajouter de très nombreux jeunes qui viennent à la boxe pieds-poings à l’occasion d’initiations, notamment pendant les vacances scolaires d’été.
En outre, la part des « féminines » ne cesse de croître d’année en année et de très nombreux clubs de fitness proposent des activités inspirées de la boxe pieds-poings : cardio-boxing, fit-boxing, aéroboxe...